Église de la Vôge

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La longue histoire d'une Assemblée mennonite :
l'Assemblée mennonite de La Vôge

On trouve une première mention de cette Assemblée en 1850. De générations en générations, les Mennonites migrent, se déplacent au gré des fermes à louer et finissent par s'installer. Cependant ils essaient de conserver des liens entre eux, et ce lien se concrétise lors des réunions ou cultes qui se tiennent dans les fermes, puisqu'il n'y a pas de lieu fixe consacré à ces rencontres cultuelles familiales. En effet, jusqu'à une époque récente, on pratiquait plutôt l'endogamie, le mariage entre soi, et celui qui contrevenait à cette coutume était souvent mis de côté !

Cette assemblée a connu trois guerres, celle de 1870, puis la Grande Guerre 14-18, et enfin celle de 1939-1945. Chaque conflit a bouleversé ce contexte familial, et entraîner des migrations en Amérique, comme au XIXème siècle, ou des disparitions pures et simples, ou encore des redistributions dans la région, tout cela accompagné d'un affaiblissement du sentiment d'appartenance à un groupe religieux, lié à une cristallisation au profit de traditions au détriment d'une foi vivante basée sur l'Evangile.

Sans remonter jusqu'aux origines, l'almanach mennonite du cinquantenaire publié en 1951 pour marquer l'anniversaire de la première conférence des Assemblées mennonites de France en 1901 à Epinal, recense les lieux de culte suivants : chez Abresol, à la ferme du Bignovre à Monthureux sur Saône, Chez Gingrich à Monthureux, chez Matry, chez Krémer, chez Salzann, trois familles de la Grange-Jacquot près de Darney, chez Garnier à La Fagotière près de Lamarche, chez Roggy à Relanges. Au point de vue effectif, le recensement sous Napoléon I en 1809 fait état de 340 Mennonites groupés en 58 familles dans le département des Vosges. En 1850, ils sont 400, presque tous paysans dans des fermes souvent isolées.

Au fil des années, du fait des mariages hors de la communauté religieuse, de l'affaiblissement de la foi et de la pratique religieuse, et aussi du manque de leader, leur nombre va diminuer pour aboutir à un disparition presque totale ! Et pourtant, ce petit noyau continuait à croire que « Son Dieu est celui qui n'éteint pas le lumignon, mais au contraire, peut l'embraser d'un feu nouveau », comme s'exprimait un de ses responsables spirituels, déjà en 1950 !

Le petit reste fait preuve de dynamisme et est soutenu par les autres Assemblées mennonites en France. « L'Assemblée mennonite de La Vôge aurait pu être laissée pour compte. Mais il n'en fut rien. Soutenue par l'Association Missionnaire Mennonite de Lorraine soucieuse d'encourager ce petit groupe, qui tenait bon contre vents et marées sous la direction d'un de ses membres, Alain Pernot, se voyait doté d'un couple pastoral à plein temps en 1987 : Stéphane et Sylvie Deutsch qui élargirent cette petite communauté. Après le départ des familles Deutsch et Pernot quelques années plus tard, il fallut s'organiser avec les bonnes volontés sur place et l'aide des autres Assemblées mennonites... Notre Assemblée était ballotée telle une coquille de noix sur une mer agitée... Des pasteurs, des prédicateurs mennonites venaient une fois par mois, et la mairie de Monthureux continuait à prêter un local.... » selon un compte-rendu publié dans le mensuel des Eglises Mennonites de France, « Christ Seul » en janvier 2000.

En 2001, un pasteur, Denis Kennel, et son épouse, s'installent à Darney dans un local acheté par l'Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France sur incitation des membres de la petite comumnauté. Jusqu'en 2009, en étroite collaboration avec les membres de la communauté, il fait connaître l'Assemblée de La Vôge dans la région par le biais d'activités diverses. De nouveau, à son départ, le groupe se trouve fragilisé, mais il reste soutenu par les Mennonites de France qui leur envoient un pasteur à temps partiel, Jean Pierre Magréault... Oui, Dieu est celui qui n'éteint pas le lumignon, mais au contraire l'embrase d'un feu nouveau !

Daniel Muller