Église de la Vôge

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L’Eternel est mon berger (4)

Ps 23.4

Série de messages, d’après le livre de Philippe Keller, Un berger médite le Psaume 23

Introduction & Lecture biblique

Ps 23.4-5

 

-> Nous poursuivons ce matin la méditation de notre Ps 23, avec ces quelques versets bien connus qui ont été et sont toujours d’un grand réconfort pour les croyants qui nous ont précédés et que nous sommes encore, aujourd’hui…

 

Qui d’entre nous, en effet, n’a pas un jour été, dans une situation ou une autre, rassuré et fortifié par cette parole : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort » ?

I. La marche dans la vallée de l’ombre de la mort

En fait, cette phrase, ou disons plutôt le début de cette phrase, étonne quelque peu. Nous avons jusque-là entendu parler de l’Eternel notre berger grâce auquel il ne nous manque rien ( v. 1 ), notre Eternel-berger qui nous fait reposer dans de verts pâturages, qui nous dirige près des eaux paisibles ( v. 2 ), qui restaure nos âmes, nous conduit dans les sentiers de la justice ( v. 3 )… Que peut-il donc bien nous arriver avec un tel berger ? La vie ne peut être que rose, sans épines, un long fleuve tranquille, ou bien ?

 

Mais voilà que David nous révèle qu’il marche parfois dans la « vallée de l’ombre de la mort »… Comment est-ce possible ? Comment celui qui suit l’Eternel-berger peut-il seulement marcher dans une telle vallée ? C’est tout le mérite – la grande honnêteté de ce Ps ( et de la Bible en général ) – que de ne pas cacher cette douloureuse réalité : les croyants que nous sommes, aussi fidèles soient-ils, peuvent parfois marcher dans la vallée de l’ombre de la mort. Aux antipodes de ce qu’affirment certains courants théologiques, comme quoi le chrétien devrait toujours être en pleine forme, en pleine santé, jamais malade, jamais découragé, etc., – et si ce n’est pas le cas, c’est qu’il n’a pas assez de foi –, notre Ps nous rappelle que l’épreuve et la difficulté, la souffrance et la mort, font partie de nos vies – du moins tant que nous serons dans nos corps mortels.

 

Nos cœurs, alors, se remplissent de questions, de pourquoi… Si Dieu est bon, et si en plus nous lui avons donné nos vies, alors : Pourquoi les épreuves ? Pourquoi les difficultés ? Pourquoi la souffrance, la maladie ? Pourquoi cette épreuve ultime, la mort, avec tout le cortège de souffrances et de douleurs qu’elle entraîne si souvent ?

 

Il n’y a pas de réponse simple à ces questions… Je n’ai pas la prétention d’en donner une ce matin ; j’aimerais juste rappeler quelques principes, quelques éléments de réponse, non exhaustifs mais qui me semblent importants pour nous aider à avoir un regard qui soit le plus juste possible sur ce sujet difficile.

 

Il faut tout d’abord rappeler, aussi élémentaire que cela puisse paraître, que le mal est un mal. Ce que toute la révélation rappelle avec force et indignation. Le mal, pas plus que la souffrance ou la mort, ne sont dans la volonté de Dieu, dans ce que Dieu a voulu. Dieu a créé toutes choses bonnes : « Et voici, tout était très bon », dit la Genèse. Le mal et tout ce qui en découle ( y compris la maladie, la souffrance et la mort ) sont les conséquences de la désobéissance de l’homme, de son péché.

 

Dès lors, toute l’action de Dieu, son plan, n’a qu’un seul objectif : la délivrance de l’humanité. Dieu est intervenu dans notre histoire d’abord pour nous délivrer du mal et de la souffrance, et la vie de Jésus rend témoignage qu’il n’a pu le faire qu’en souffrant lui-même. Et c’est de la même manière que notre chemin de libération passe par la souffrance… Ce n’est pas que cette dernière soit voulue de Dieu ou envoyée par lui, – comme si le Seigneur n’avait d’autres moyens pour nous faire avancer que de nous envoyer des épreuves et des difficultés ! –, mais parce que les choses sont ainsi depuis l’irruption du péché et de la mort dans le monde… Notre chemin de libération passe par la souffrance, mais celle-ci provient d’abord du fait que nous vivons dans un monde déchu, et non de la volonté de Dieu. A la base, donc, nous vivons dans la souffrance parce que nous sommes pécheurs, parce que le péché est présent dans ce monde.

 

NB. Ce qui ne veut pas dire, que l’on s’entende bien, que chaque situation de souffrance ou maladie serait liée à un péché précis. Mais nous sommes malades, nous expérimentons la souffrance, la mort, etc., parce que le péché est présent dans ce monde. Même si nous n’avons « rien fait », nous subissons les conséquences de la chute. Que nous le voulions ou non. Mais encore une fois : ce n’est pas là ce que Dieu voulait.

 

Cela étant dit, cela n’empêche pas que Dieu dans sa souveraineté utilise parfois ce mal pour nous aider à nous en sortir : c’est tout le thème des épreuves qu’il permet, et même parfois dans lesquelles il peut nous conduire. Non parce que ça lui fait plaisir de procéder ainsi, mais parce que c’est comme un passage obligé pour notre libération. De la même manière que le médecin doit parfois faire mal pour guérir ( quand on pense à certains traitements… ).

 

Je trouve à cet égard particulièrement touchante la précision du Ps 23 : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ». Par rapport à la souffrance et à l’épreuve, Dieu se tient de notre côté. Il n’est pas le Dieu lointain qui envoie le mal comme si cela lui faisait plaisir de nous éprouver ; il est, dans l’épreuve qu’il permet peut-être, du même côté que nous. Quelque part, je crois même que Dieu souffre avec nous, il souffre de nous voir souffrir. Face à la mort, comme par ex. celle de son ami Lazare, Jésus a pleuré. Le Seigneur Jésus est du côté des hommes et des femmes dans les épreuves qu’ils ou elles traversent.

 

Cette assurance, si tant est bien sûr qu’elle soit sienne, permet à celui ou celle qui marche dans la vallée de l’ombre de la mort de faire cette expérience extraordinaire : « je ne crains aucun mal »… La présence du Seigneur dans l’épreuve devient source de réconfort. Ainsi le témoignage de Ph. Keller :

 

  • C'est une expérience des plus rassurantes et des plus réconfortantes pour l'enfant de Dieu de découvrir en Lui [Dieu] une source de force et de courage, même dans les sombres vallées. Quand il peut regarder en arrière et voir comment la main du Berger l'a guidé et soutenu dans les heures obscures, alors sa foi est régénérée.
    Je ne connais rien de plus stimulant pour ma foi et ma confiance en mon Père Céleste que ce regard en arrière sur sa fidélité dans chaque crise et dans chaque circonstance difficile de ma vie. Chaque fois, II a montré qu'il était attentif à mon bien-être. Chaque fois, j'ai eu conscience d'être guidé par le Bon Berger tout au long des jours sombres et dans les profondes vallées.
    Tout ceci fait grandir ma confiance en Christ. Etre ainsi exposé – tant spirituellement que mentalement – aux tempêtes et aux adversités de la vie donne vigueur et résistance à tout mon être. Puisqu'il m'a conduit en toute sécurité auparavant, II le fera toujours. Alors la peur disparaît et fait place à la paix du cœur et de l'âme.

 

Et qu’on ne pense pas que ce témoignage est celui d’un d’homme qui n’a pas connu grand-chose de la souffrance et de la mort. Ecoutez encore :

 

  • Pendant toute la maladie de ma femme et après sa mort [son épouse est décédée d’un cancer], j'ai vécu chaque heure dans la force, la consolation et la sérénité que l'Esprit de Dieu Lui-même produisait en moi.
    C'était comme si j'avais été continuellement rafraîchi et restauré en dépit des circonstances les plus désespérées. A moins d'être passé par cette expérience, ceci peut sembler difficile à croire. Certains diront qu'ils ne pourraient pas affronter une telle épreuve. Mais pour l'homme ou la femme qui marche avec Dieu au long de ces vallées, un tel rafraîchissement est [l’insistance est de lui] possible.

 

Je ne vous cache pas que je reste souvent « baba » devant de tels témoignages. Je me demande comment c’est possible… Et en même temps, j’y vois une formidable promesse : parce que de tels témoignages montrent que justement, c’est possible ! Même si j’imagine que les dimensions de la souffrance et de la peine devaient sans doute aussi être bien présentes chez cet homme.

 

Nous sommes je pense dans l’ordre du miracle, des œuvres de Dieu qui dépassent notre entendement… Nous pouvons nous attendre à cette action de Dieu dans nos vies ! Mais en même temps, il serait je crois dangereux de se contenter d’attendre plus ou moins passivement cette intervention miraculeuse de Dieu. David, dans son Ps, parle de 2 éléments, bien concrets, qui contribuent à ce que le pèlerin qui marche dans la vallée de l’ombre de la mort puisse malgré tout y trouver la paix du cœur et de l’âme.

II. Ta houlette et ton bâton : mon réconfort

« Ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort »… Houlette et bâton, les outils du berger ( à l’époque de David, bien sûr ! ). Là encore, défaut de connaissance oblige, je m’appuierai sur les dires d’un vrai berger, Ph. Keller .

 

Le bâton servait au berger pour protéger ses brebis en cas de danger, une arme contre les prédateurs, mais aussi pour discipliner le troupeau, maintenir l’ordre et ramener les brebis récalcitrantes dans le droit chemin. Un autre usage intéressant était celui de l’examen et du comptage des brebis : grâce au bâton, le berger pouvait écarter la toison de l’animal, déceler les anomalies éventuelles, voir les blessures, ou encore les parasites… Une manière de faire apparaître les défauts cachés, en quelque sorte.

 

Quant à la houlette, sorte de longue perche recourbée en une de ses extrémités, elle avait 3 rôles essentiels : * tenir les brebis rassemblées les unes auprès des autres, par ex. en relevant un agneau nouveau-né pour le placer à côté de sa mère, ** atteindre un mouton pour l’amener près d’un berger, et enfin *** guider une brebis sur un chemin escarpé ou difficile.

 

Voilà les outils du berger qui étaient le réconfort des brebis. Assurance d’être protégées, conduites, ramenées dans le droit chemin, mais encore d’être examinées en vue de recevoir si nécessaire les soins appropriés, être éventuellement corrigées, etc. Si l’on pense à notre vie chrétienne, cette houlette et ce bâton ne nous font-ils pas penser à quelque chose ?

 

A la Bible, bien sûr, Parole de Dieu, à laquelle j’ajouterai le Saint-Esprit qui la rend vivante en nous ! Nous cherchons parfois les moyens de réconfort bien loin de nous, alors qu’ils sont là, tout près de nous. Ou bien encore, nous cherchons ou attendons d’être réconfortés de manière extraordinaire, miraculeuse, alors que le Seigneur nous donne des moyens qui sont tout près de nous !

 

Cela me fait penser à une histoire, imaginaire, mais pleine de sens et de vérité.

 

  • Un homme, au cours d’une inondation, qui en voyant l’eau monter crie au Seigneur et reçoit cette conviction que comme Moïse, Dieu le sauvera des eaux.
    --- Arrive son voisin, pour l’aider à sortir de sa maison dans laquelle l’eau commence à entrer. « Non non, ce n’est pas la peine, j’ai prié le Seigneur, et il me délivrera ». Le voisin s’en va.
    --- Arrivent les pompiers, sur un bateau, parce que l’eau atteint maintenant le 1er étage de la maison. « Non non, ce n’est pas la peine, j’ai prié le Seigneur, et il me délivrera ». Les pompiers s’en vont.
    Mais l’eau monte toujours. L’homme est obligé de se réfugier sur le toit.
    --- Arrive l’hélicoptère, pour l’hélitreuiller. « Non non, ce n’est pas la peine, j’ai prié le Seigneur, et il me délivrera ». L’hélicoptère s’en va.
    L’eau monte toujours, et l’homme finit par se noyer.
    --- Il arrive au ciel et, plein d’amertume, demande au Seigneur : « Mais Seigneur, pourquoi n’as-tu rien fait ? J’ai mis ma confiance en toi, j’étais sûr que tu me délivrerais, j’ai même rendu témoignage de ma foi en toi à ceux qui ont voulu me secourir, et voilà maintenant que tu m’as laissé me noyer ! ».
    --- Et le Seigneur de répondre : « Mais mon enfant, justement : je t’ai envoyé ton voisin, les pompiers, et l’hélicoptère ! Que te fallait-il de plus ? Pourquoi n’as-tu pas accepté leur aide ? »…

 

Sans commentaire ! Les moyens de réconfort que Dieu donne sont généralement plus proches qu’on ne le pense : sa Parole, la prière, les frères et sœurs, etc. Ne risquons-nous pas, nous aussi, d’arriver un jour au ciel en demandant à Dieu pourquoi il ne nous a pas réconfortés ou aidés davantage en telle ou telle circonstance, et nous entendre dire : « Mais mon enfant, je t’avais donné ma Parole, tu avais en toi mon Esprit, je t’avais entouré de frères et sœurs, etc. Pourquoi n’en as-tu pas davantage profité ? Pourquoi ne t’es-tu pas davantage investi dans ces moyens qui auraient pu être ton réconfort ? »… Cf. Paul dans l’Epître aux romains :

 

Rm 10.8-9

 Nous avons dans ces versets la source même de notre réconfort : la foi dans le Christ ressuscité… Une foi qui nous est accessible, à chacun, rendue possible par la Parole de Dieu et son Esprit : la houlette et le bâton qui peuvent nous protéger, nous conduire, si nécessaire nous ramener dans le droit chemin, nous corriger, qui nous permettent encore de nous examiner devant le Seigneur en vue de prendre conscience de ce qui nous empêche peut-être de trouver pleinement la paix du cœur et de l’âme.

« Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort ». Mais encore faut-il tourner vers eux notre regard…

Conclusion : Là où conduit le chemin

Le jeu en vaut la chandelle, comme on dit, parce que le but est de pouvoir, comme David, expérimenter jour après jour le bonheur et la grâce dans la maison du Seigneur.

 

C’est une grâce extraordinaire que d’avoir un berger qui, lorsque nous marchons dans la vallée de l’ombre de la mort, vient marcher avec nous, près de nous. Il le fait parce qu’il nous aime, parce qu’il veut nous délivrer de la souffrance, du péché et de la mort. Cela ne prend certes pas toujours les formes que nous souhaiterions. Mais il est là. Il souffre avec nous.

 

Puissions-nous rester dans cette assurance quand, sur notre chemin, nous devons traverser

la vallée de l’ombre de la mort !

Puissions-nous aussi garder les yeux fixés sur sa houlette et son bâton, sa Parole et son Esprit, sources de notre réconfort !

Que le Seigneur vous bénisse,

Amen.

Denis Kennel